Saga Napster : ultime épisode?
Napster n’est plus. Un juge américain a donné raison aux maisons de disques qui voulaient empêcher la reprise de Napster par Bertelsmann. Ce dernier proposait 8 millions de dollars pour son rachat et l’effacement des dettes du site d’échange de musique. Sauf reprise de dernière minute par un autre acteur, ce jugement signe donc l’arrêt de mort de Napster après une longue agonie de plus d’un an.
« Napster was here » (Napster était ici). C’est par cette phrase laconique accompagnée du logo sur fond noir uni que le visiteur est désormais accueilli sur le site du précurseur des services de téléchargement de musique en peer-to-peer. Napster a donc rejoint le cimetière des start-up, et cela malgré un succès indéniable : à la « grande époque », le service créé par Shawn Fanning rassemblait plus de 60 millions d’utilisateurs inscrits.
La dernière chance (sauf surprise de dernière minute) de relancer le service fermé depuis juillet 2001 (voir édition du 12 juillet 2001) s’est donc envolée. Bertelsmann, filiale du groupe de média BMG, se proposait de racheter Napster pour 8 millions de dollars et d’effacer ses 85 millions de dettes. Une offre sous-évaluée selon le juge du tribunal de Wilmington (Delaware) pour qui l’ancienne appartenance à Bertelsmann du PDG Konrad Hilbers était de nature à influencer les négociations entre les deux entreprises, comme le suggérait le Wall Street Journal. Le juge a donc interdit, le 3 septembre dernier, le rachat de Napster, donnant raison aux majors du disque qui avaient porté plainte pour violation de la propriété intellectuelle.
L’échec de cette dernière manoeuvre financière amène le site d’échange à se placer sous le « Chapitre 7 » de la loi américaine sur les faillites et à licencier la majeure partie de ses 42 employés. De toute façon, l’objectif de Bertelsmann n’était pas très clair. Aux dernières nouvelles, le groupe allemand souhaitait abandonner toutes ses activités en ligne, dont Napster (voir édition du 3 septembre 2002).
La relève est déjà assurée
Si l’existence de Napster semblait compromise d’avance depuis sa fermeture l’année dernière, même en version commerciale, celui de l’échange illégal de fichiers MP3 (et autres) est en revanche plein d’avenir. Le précurseur Napster a donné naissance à un nombre incroyable de services comparables dont Kazaa, Morpheus et AudioGalaxy ne sont que les représentants les plus populaires. « Napster est mort, vive Kazaa ! », s’écrieront certains.